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Read book online «A Fantasy of Mediterranean Travel by Samuel Gamble Bayne (snow like ashes series TXT) 📕».   Author   -   Samuel Gamble Bayne



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de cendre, pour nous empêcher de glisser, et nous prenons sur nos jambes un train de galop, de manière que, sans accident, nous nous trouvâmes au bas dans six minutes: ce qui présente une descente fort amusante.

Le volcan n'a rien de fixe, quelquefois, il alimente deux et trois cratères; dans d'autres moments, il n'en a qu'un; volage et capricieux, tantôt il s'élance sur une montagne, tantôt il jette sur l'autre ses feux à profusion: il y a des signes précurseurs de sa furie; les fumées du cratère sont plus épaisses, les détonnations plus rapides et plus nombreuses, des tremblements de terre se font sentir au loin, les puits du voisinage se tarissent, la mer dans le golfe de Naples retire un peu ses eaux: tout cela démontre que l'eau bitumineuse de la mer, les soufres, les matières pyriteuses sont son principal aliment, qui n'a besoin pour produire les feux destructeurs, que d'être excité par les principes volcaniques du Vésuve. Les couches de lave et de roches, déjections du volcan, sont superposées, et attestent que les volcans sont des creusets générateurs qui ont produit les roches, les montagnes et les métaux; que la terre enfin, cette croûte sphérique que nous habitons, dont la charpente intérieure ne nous est pas connue, a été primitivement formée par les volcans, sources des dérangements et des grandes dislocations du globe.

Les volcans sont encore le principe des trésors de la terre végétale; les productions du voisinage ont une végétation si vigoureuse, qu'on peut dire que la terre est vierge et dans sa naissance primitive. Le soufre du Vésuve n'est pas bon, il produit peu dans sa purification. De ce sommet, on découvre les plus belles vues, les plus fertiles campagnes, et on a, sous les pieds, les nuages qui, arrêtés, prennent une autre direction, cause ordinaire des changements de vents, que les volcans excitent encore par la dilatation et la condensation de l'air.

De retour à Naples, chargés de butin du Vésuve, nous remarquons un grand nombre de Napolitains qui déménagent une partie de leurs boutiques et qui travaillent dans les rues pour mieux jouir du beau temps.

Les mendiants mettent une main dans leur poche et l'autre sur leur bouche ouverte, en disant: morire di fame.

Le lazzarone jouit d'un beau soleil, il s'enivre de tabac, puis d'un vin exquis, et il savoure le benedetto farniente si dolce, par les belles soirées.

Les calésines, espèce de petits cabriolets gothiques, à un cheval, vont chargées d'amateurs. Ces voitures s'emploient de manière à porter onze et douze personnes à la fois, tant elles se prêtent à la souplesse italienne. Les curés des environs de Naples ont la calésine triangulaire, qui ne contient que le pasteur et son laquais, le sacristain, quand il va visiter les confrères de la Métropole.

L'île de Caprée, à quinze lieues de Naples, est trop intéressante pour ne pas y faire une excursion. Nous nous rendons donc en voiture jusqu'à Castellamare, au-dessous des ruines de l'ancienne ville de Stabia, ornée de si jolies maisons de campagne: tout près est situé le bourg de Quilsissana, avec un beau palais du Roi; nous y sommes allés voir l'établissement des bains sulfureux.

Sur la route, la vigne, en guirlandes, semble avoir été oubliée après une fête; leurs festons de verdure sont jetés comme des filets sur la cime des arbres; le souvenir de ces tableaux revient sans cesse; on voudrait ne plus quitter ces sites de l'Arioste.

Les vaches de Castellamare sont renommées par la bonté de leur lait.

C'est à Castellamare que se font les constructions navales ordinaires; les chantiers nous ont paru peu animés, en comparaison de ceux de nos ports: le nombre des forçats n'est pas très-considérable; le bagne est sur le même pied que ceux de France et de Gênes.

Notre domestique de place marchande le louage d'une embarcation pour nous rendre à Caprée: enfin nous voilà sur le golfe napolitain avec huit nautonniers et une barque légère; au milieu des plus jolies grottes dans le rocher, nous relâchons à Sorrento, pour saluer le palais du Tasse; ce palazzo appartient au duc de Montfort, son descendant, il renferme peu de richesses: au-dessous, près de la mer, est un temple de Neptune qui devait si bien inspirer le génie du poète; puis, à peu de distance, est présentement une maison aux Jésuites.

Les orangers, les cédrats, les poncires étaient si chargés, qu'ils pliaient sous le poids des fruits, et leurs fleurs odorantes emportées par les doux Zéphirs, parfumaient notre route.

Nous remontons sur notre pirogue, et nous entonnons des cantatilles et des barcaroles:

     À Naples, ville heureuse,
     La vie est gracieuse
     Comme un jardin fleuri.

     Sous ce beau ciel d'étoiles,
     Quand la nuit tend ses voiles,
     Le gai Napolitain

     Chante la sérénade.
     Des concerts, des prières,
     Un ciel pur, des cratères,
     Voici Naples toujours.

La mer est couverte de filets qui restent sept mois dans les ondes, pour la poche du thon; plus loin, on aperçoit les ruines du temple d'Hercule. Ici c'est le villago di Massa. Nous continuons de voguer au milieu de ces merveilles; mais la mer, dont les bords sont couverts de soufre, devient houleuse, et offre un peu de danger: enfin nous débarquons à Caprée, île très-pittoresque, où résident quatre mille insulaires, et célèbre par l'éclatante victoire du général Lamarque. C'est à l'entrée du golfe de Naples que se trouvent les délicieuses îles de Caprée, d'Ischia, de Procida: dans ces deux dernières, les femmes ont conservé les habillements des anciens grecs. La physionomie des femmes de Procida et d'Ischia est empreinte du type grec; elles portent une longue robe flottante, elles vont jambes et pieds nus; leur taille svelte et étroite est emprisonnée dans un corset de velours, et sur leurs épaules, largement découvertes, tombent des flots de leur chevelure liée au sommet de la tête, à la manière antique. Nous avons vu, à Caprée, les restes du palais d'Auguste, ceux des douze palais élevés aux douze divinités majeures; on voit encore des ruines du Forum, des Thermes, l'emplacement d'une villa de Tibère. Nous descendons à l'hôtel de Salvator Petagno. Nous fîmes un bon repas dans cette île enchantée. Point d'ennuyeux laquais épiant nos discours, critiquant nos maintiens, murmurant d'un trop long dîner, se plaisant à nous faire attendre à boire, comptant nos morceaux d'un oeil avide; nous étions nos valets pour être nos maîtres. Nos hôtes sont fort aimables, musiciens et danseurs tout à la fois. Après le souper, ils nous régalent de la danse sentimentale dite la Tarentèle, plus joyeuse que le Boléro des Espagnols, et, au bout d'une demi-heure, nous nous mîmes à danser avec eux, au son de leur mélodieuse guitare. À la porte de leur hôtel sont exposées de grandes cornes, espèce de talisman ou d'amulettes, pour préserver de la Guetatou, mauvais génie ou la fatalité; les Messieurs et les Dames en portent de fort élégantes. Caprée est couverte d'oliviers, de vignes et de colza.

Dans notre barque, escortée de deux canots, nous nous dirigeons sur la grotte d'Azur ou des Nymphes, à une demi-lieue plus loin. La mer était si mauvaise, que des vagues monstrueuses et écumantes en obstruaient l'entrée et présentaient des risques à y pénétrer; nos nacelles disparaissaient dans l'abîme des ondes, et s'élevaient ensuite sur ces montagnes liquides, pour offrir le coup d'oeil de la mer irritée. Tibère allait s'ensevelir dans la grotte d'Azur pour oublier ses crimes; c'est une vaste voûte creusée dans le roc: la réfraction et la réflexion de la lumière, qui l'éclaire du haut en bas, produit ce beau bleu éclatant; en traversant la nappe d'eau qui est dans cet antre en communication avec la mer. Il y avait donc du danger à y pénétrer; nous virâmes de bord, d'ailleurs le temps menaçant d'empirer, traverser le golphe et se rendre immédiatement à Naples, offrait trop de risques; nous cinglâmes vers Castellamare, la côte nous protégeant un peu contre la fureur du vent; mais au milieu du trajet, la mer étant trop périlleuse, nous relâchâmes une seconde fois à Sorrento.

De jeunes filles formaient des couronnes parfumées, avec des fleurs naturelles, qu'elles mêlaient agréablement à leurs cheveux, et qui leur donnaient beaucoup de grâces. Leurs beaux fronts rayonnaient d'une gaîté naïve, leurs longues paupières voilaient mystérieusement leurs regards; sveltes et élancées, elles avaient, dans leurs mouvements, une souplesse et une agilité parfaite: comme la biche légère, elles bondissaient de rochers en rochers.

Aucune autre voie pour se rendre à Castellamare, que d'aller à pied ou sur des ânes, nous préférâmes marcher, la pluie venant surtout aggraver notre position; les filles du pays nous ont paru les plus jolies du royaume de Naples; de charmants accidents de terrains nous ont dédommagés de nos souffrances: c'était quelque chose de comique à voir que la débâcle de notre petite caravane. L'un tombait sur le sol glissant et mouillé, et se relevait dans un état qui n'annonçait point que nous étions dans le pays des Muses; un autre luttait avec la terre qui, comme un mastique, retenait la chaussure; dans cette perplexité, un de nos compagnons de voyage y laissa une semelle de botte, et fut obligé de continuer dans la boue comme un maraicher; nos manteaux nous ont préservés un instant de la pluie; mais, pénétrés eux-mêmes, ils devinrent si pesants, que nous préférâmes recevoir la rosée céleste sur nos corps et charger notre vieux domestique de place de nos dépouilles; celui-ci, qui ne fonctionnait pas aussi vigoureusement qu'un mulet, ne pouvait nous suivre; nos dames chantaient au milieu de ces aventures fâcheuses; enfin, n'en pouvant plus, nous nous arrêtons un instant chez de jolies fileuses de soie qui travaillent avec beaucoup de perfection, et qui nous permirent d'aller cueillir des pommes d'or ou des oranges dans leur jardin; grâces à ces ravissantes Hespérides, nous étanchâmes notre soif. Tout près, sont des cordes disposées parallèlement sur des montagnes, pour faciliter la descente de fagots à un four à chaux, exercice qui ne laisse pas d'être amusant à voir. Enfin, avec une pluie battante et pénétrés comme si nous avions fait plongeon dans la mer, nous arrivons à Castellamare sans avoir de quoi changer; les chaussures pleines d'eau, après avoir traversé des bois d'oliviers et d'orangers. Le Vésuve se fâchant cette fois et faisant entendre ses nombreuses crépitations; nous ne pûmes sécher notre corps tout morfondu. Nous avions devancé un peu nos dames, afin de préparer une voiture; pour comble de contrariété, nous eûmes mille difficultés à nous retrouver à Castellamare. Nous montons, ainsi imbibés d'eau, jusqu'à Naples, quittant cette mer couverte partout de bitume sulfureux: un changement de costume et un repas réparateur nous empêchèrent d'être malades des fatigues de ce voyage, que le beau temps aurait rendu si délicieux.

Nous renonçons au projet d'aller à Amalfi et à Poestum, débris de Sybaris, pour voir des ruines; nous en avions tant vues! Ayant déjà contemplé le beau palais de Caserte, il ne nous restait que des choses de peu d'importance à voir à Naples. Retourner par le même chemin, ne nous offrait pas d'intérêt, nous exposait d'ailleurs à la quarantaine qu'on ne faisait pas en débarquant à Ancône, Vénise ou Trieste; il y avait impossibilité d'entrer en Sicile, où le climat est doux, le sol d'une merveilleuse fécondité, pour visiter Palerme, Messine, Catane, les belles ruines de Syracuse, aujourd'hui si réduite de son ancienne splendeur; la quarantaine pour s'y rendre était de quarante jours, et les Siciliens fermentaient et se préparaient à secouer le joug du Roi. La pointe de Campanella, qui sépare le golfe de Naples du golfe de Salerne, est très-dangereuse, par un tournant d'eau, c'est auprès que passe le bateau à vapeur. Il ne nous restait donc d'autre parti, que d'aller chercher l'Adriatique, en parcourant les riches contrées de la Pouille.

CHAPITRE X.

De Naples, Foggia, Barlelte à Bari.

Ayant l'habitude de prendre toujours le coupé, j'en fis autant dans notre voyage de la Pouille; j'eus lieu de m'en repentir, car le coupé n'avait point de tablier, et rien par conséquent pour préserver du froid et de la pluie.

Nous arrivâmes d'abord à Cardinale, petite ville très-pauvre; toutes les femmes ont les cheveux d'un rouge très-prononcé: les montagnes sont des plus curieuses: en sortant de Cardinale, est Mougnania, où repose le corps de Sainte Philomèle; viennent ensuite les ruines de Monteforte; c'est là que s'excita la révolution de 1822 contre le Gouvernement Napolitain.

Nous voici, dans la belle ville d'Avellino, de quinze mille âmes, remarquable par son voisinage des Fourches Caudines, où les Romains furent défaits par les Samnites; les voitures y sont traînées par des boeufs. Dans l'Italie, on rase le poil des chevaux, comme dans le midi de la France, et souvent, sur la route, le conducteur leur fait une saignée. Les noisettes, qui ont donné le nom à cette ville, y sont un grand objet de commerce.

Nous devions continuer notre voyage le lendemain, dès cinq heures du matin; mais le voiturier ne paraissait pas; il nous avait dit qu'il attendait des voyageurs de Naples, que leurs affaires avaient retenus; comme nous ajoutions peu de foi à ses

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