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Read book online «De la Terre à la Lune by Jules Verne (novels to read for beginners .txt) 📕».   Author   -   Jules Verne



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traiter aujourd'hui a une v�ritable importance nationale, et elle va nous fournir l'occasion de faire un grand acte de patriotisme.

Les membres du Gun-Club se regard�rent sans comprendre o� l'orateur voulait en venir.

�Aucun de vous, reprit-il, n'a la pens�e de transiger avec la gloire de son pays, et s'il est un droit que l'Union puisse revendiquer, c'est celui de receler dans ses flancs le formidable canon du Gun-Club. Or, dans les circonstances actuelles...

—Brave Maston... dit le pr�sident.

—Permettez-moi de d�velopper ma pens�e, reprit l'orateur. Dans les circonstances actuelles, nous sommes forc�s de choisir un lieu assez rapproch� de l'�quateur, pour que l'exp�rience se fasse dans de bonnes conditions...

—Si vous voulez bien... dit Barbicane.

—Je demande la libre discussion des id�es, r�pliqua le bouillant J.-T. Maston, et je soutiens que le territoire duquel s'�lancera notre glorieux projectile doit appartenir � l'Union.

—Sans doute! r�pondirent quelques membres.

—Eh bien! puisque nos fronti�res ne sont pas assez �tendues, puisque au sud l'Oc�an nous oppose une barri�re infranchissable, puisqu'il nous faut chercher au-del� des �tats-Unis et dans un pays limitrophe ce vingt-huiti�me parall�le, c'est l� un casus belli l�gitime, et je demande que l'on d�clare la guerre au Mexique!

—Mais non! mais non! s'�cria-t-on de toutes parts.

—Non! r�pliqua J.-T. Maston. Voil� un mot que je m'�tonne d'entendre dans cette enceinte!

—Mais �coutez donc!...

—Jamais! jamais! s'�cria le fougueux orateur. T�t ou tard cette guerre se fera, et je demande qu'elle �clate aujourd'hui m�me.

—Maston, dit Barbicane en faisant d�tonner son timbre avec fracas, je vous retire la parole!

Maston voulut r�pliquer, mais quelques-uns de ses coll�gues parvinrent � le contenir.

�Je conviens, dit Barbicane, que l'exp�rience ne peut et ne doit �tre tent�e que sur le sol de l'Union, mais si mon impatient ami m'e�t laiss� parler, s'il e�t jet� les yeux sur une carte, il saurait qu'il est parfaitement inutile de d�clarer la guerre � nos voisins, car certaines fronti�res des �tats-Unis s'�tendent au-del� du vingt-huiti�me parall�le. Voyez, nous avons � notre disposition toute la partie m�ridionale du Texas et des Florides.

L'incident n'eut pas de suite; cependant, ce n� fut pas sans regret que J.-T. Maston se laissa convaincre. Il fut donc d�cid� que la Columbiad serait coul�e, soit dans le sol du Texas, soit dans celui de la Floride. Mais cette d�cision devait cr�er une rivalit� sans exemple entre les villes de ces deux �tats.

Le vingt-huiti�me parall�le, � sa rencontre avec la c�te am�ricaine, traverse la p�ninsule de la Floride et la divise en deux parties � peu pr�s �gales. Puis, se jetant dans le golfe du Mexique, il sous-tend l'arc form� par les c�tes de l'Alabama, du Mississippi et de la Louisiane. Alors, abordant le Texas, dont il coupe un angle, il se prolonge � travers le Mexique, franchit la Sonora, enjambe la vieille Californie et va se perdre dans les mers du Pacifique. Il n'y avait donc que les portions du Texas et de la Floride, situ�es au-dessous de ce parall�le, qui fussent dans les conditions de latitude recommand�es par l'Observatoire de Cambridge.

La Floride, dans sa partie m�ridionale, ne compte pas de cit�s importantes. Elle est seulement h�riss�e de forts �lev�s contre les Indiens errants. Une seule ville, Tampa-Town, pouvait r�clamer en faveur de sa situation et se pr�senter avec ses droits.

Au Texas, au contraire, les villes sont plus nombreuses et plus importantes, Corpus-Christi, dans le county de Nueces, et toutes les cit�s situ�es sur le Rio-Bravo, Laredo, Comalites, San-Ignacio, dans le Web, Roma, Rio-Grande-City, dans le Starr, Edinburg, dans l'Hidalgo, Santa-Rita, el Panda, Brownsville, dans le Cam�ron, form�rent une ligue imposante contre les pr�tentions de la Floride.

Aussi, la d�cision � peine connue, les d�put�s texiens et floridiens arriv�rent � Baltimore par le plus court; � partir de ce moment, le pr�sident Barbicane et les membres influents du Gun-Club furent assi�g�s jour et nuit de r�clamations formidables. Si sept villes de la Gr�ce se disput�rent l'honneur d'avoir vu na�tre Hom�re, deux �tats tout entiers mena�aient d'en venir aux mains � propos d'un canon.

On vit alors ces �fr�res f�roces� se promener en armes dans les rues de la ville. A chaque rencontre, quelque conflit �tait � craindre, qui aurait eu des cons�quences d�sastreuses. Heureusement la prudence et l'adresse du pr�sident Barbicane conjur�rent ce danger. Les d�monstrations personnelles trouv�rent un d�rivatif dans les journaux des divers �tats. Ce fut ainsi que le New York Herald et la Tribune soutinrent le Texas, tandis que le Times et l'American Review prirent fait et cause pour les d�put�s floridiens. Les membres du Gun-Club ne savaient plus auquel entendre.

Le Texas arrivait fi�rement avec ses vingt-six comt�s, qu'il semblait mettre en batterie; mais la Floride r�pondait que douze comt�s pouvaient plus que vingt-six, dans un pays six fois plus petit.

Le Texas se targuait fort de ses trois cent trente mille indig�nes, mais la Floride, moins vaste, se vantait d'�tre plus peupl�e avec cinquante-six mille. D'ailleurs elle accusait le Texas d'avoir une sp�cialit� de fi�vres palud�ennes qui lui co�taient, bon an mal an, plusieurs milliers d'habitants. Et elle n'avait pas tort.

A son tour, le Texas r�pliquait qu'en fait de fi�vres la Floride n'avait rien � lui envier, et qu'il �tait au moins imprudent de traiter les autres de pays malsains, quand on avait l'honneur de poss�der le �v�mito negro� � l'�tat chronique. Et il avait raison.

�D'ailleurs, ajoutaient les Texiens par l'organe du New York Herald, on doit des �gards � un �tat o� pousse le plus beau coton de toute l'Am�rique, un �tat qui produit le meilleur ch�ne vert pour la construction des navires, un �tat qui renferme de la houille superbe et des mines de fer dont le rendement est de cinquante pour cent de minerai pur.

A cela l'American Review r�pondait que le sol de la Floride, sans �tre aussi riche, offrait de meilleures conditions pour le moulage et la fonte de la Columbiad, car il �tait compos� de sable et de terre argileuse.

�Mais, reprenaient les Texiens, avant de fondre quoi que ce soit dans un pays, il faut arriver dans ce pays; or, les communications avec la Floride sont difficiles, tandis que la c�te du Texas offre la baie de Galveston, qui a quatorze lieues de tour et qui peut contenir les flottes du monde entier.

—Bon! r�p�taient les journaux d�vou�s aux Floridiens, vous nous la donnez belle avec votre baie de Galveston situ�e au-dessus du vingt-neuvi�me parall�le. N'avons-nous pas la baie d'Espiritu-Santo, ouverte pr�cis�ment sur le vingt-huiti�me degr� de latitude, et par laquelle les navires arrivent directement � Tampa-Town?

—Jolie baie! r�pondait le Texas, elle est � demi ensabl�e!

—Ensabl�s vous-m�mes! s'�criait la Floride. Ne dirait-on pas que je suis un pays de sauvages?

—Ma foi, les S�minoles courent encore vos prairies!

—Eh bien! et vos Apaches et vos Comanches sont-ils donc civilis�s!

La guerre se soutenait ainsi depuis quelques jours, quand la Floride essaya d'entra�ner son adversaire sur un autre terrain, et un matin le Times insinua que, l'entreprise �tant �essentiellement am�ricaine�, elle ne pouvait �tre tent�e que sur un territoire �essentiellement am�ricain�!

A ces mots le Texas bondit: �Am�ricains! s'�cria-t-il, ne le sommes-nous pas autant que vous? Le Texas et la Floride n'ont-ils pas �t� incorpor�s tous les deux � l'Union en 1845?

—Sans doute, r�pondit le Times, mais nous appartenons aux Am�ricains depuis 1820.

—Je le crois bien, r�pliqua la Tribune; apr�s avoir �t� Espagnols ou Anglais pendant deux cents ans, on vous a vendus aux �tats-Unis pour cinq millions de dollars!

—Et qu'importe! r�pliqu�rent les Floridiens, devons-nous en rougir? En 1803, n'a-t-on pas achet� la Louisiane � Napol�on au prix de seize millions de dollars [Quatre-vingt-deux millions de francs.]?

—C'est une honte! s'�cri�rent alors les d�put�s du Texas. Un mis�rable morceau de terre comme la Floride, oser se comparer au Texas, qui, au lieu de se vendre, s'est fait ind�pendant lui-m�me, qui a chass� les Mexicains le 2 mars 1836, qui s'est d�clar� r�publique f�d�rative apr�s la victoire remport�e par Samuel Houston aux bords du San-Jacinto sur les troupes de Santa-Anna! Un pays enfin qui s'est adjoint volontairement aux �tats-Unis d'Am�rique!

—Parce qu'il avait peur des Mexicains!� r�pondit la Floride.

Peur! Du jour o� ce mot, vraiment trop vif, fut prononc�, la position devint intol�rable. On s'attendit � un �gorgement des deux partis dans les rues de Baltimore. On fut oblig� de garder les d�put�s � vue.

Le pr�sident Barbicane ne savait o� donner de la t�te. Les notes, les documents, les lettres grosses de menaces pleuvaient dans sa maison. Quel parti devait-il prendre? Au point de vue de l'appropriation du sol, de la facilit� des communications, de la rapidit� des transports, les droits des deux �tats �taient v�ritablement �gaux. Quant aux personnalit�s politiques, elles n'avaient que faire dans la question.

Or, cette h�sitation, cet embarras durait d�j� depuis longtemps, quand Barbicane r�solut d'en sortir; il r�unit ses coll�gues, et la solution qu'il leur proposa fut profond�ment sage, comme on va le voir.

�En consid�rant bien, dit-il, ce qui vient de se passer entre la Floride et le Texas, il est �vident que les m�mes difficult�s se reproduiront entre les villes de l'�tat favoris�. La rivalit� descendra du genre � l'esp�ce, de l'�tat � la Cit�, et voil� tout. Or, le Texas poss�de onze villes dans les conditions voulues, qui se disputeront l'honneur de l'entreprise et nous cr�eront de nouveaux ennuis, tandis que la Floride n'en a qu'une. Va donc pour la Floride et pour Tampa-Town!

Cette d�cision, rendue publique, atterra les d�put�s du Texas. Ils entr�rent dans une indescriptible fureur et adress�rent des provocations nominales aux divers membres du Gun-Club. Les magistrats de Baltimore n'eurent plus qu'un parti � prendre, et ils le prirent. On fit chauffer un train sp�cial, on y embarqua les Texiens bon gr� mal gr�, et ils quitt�rent la ville avec une rapidit� de trente milles � l'heure.

Mais, si vite qu'ils fussent emport�s, ils eurent le temps de jeter un dernier et mena�ant sarcasme � leurs adversaires.

Faisant allusion au peu de largeur de la Floride, simple presqu'�le resserr�e entre deux mers, ils pr�tendirent qu'elle ne r�sisterait pas � la secousse du tir et qu'elle sauterait au premier coup de canon.

�Eh bien! qu'elle saute!� r�pondirent les Floridiens avec un laconisme digne des temps antiques.

XII

URBI ET ORBI

Les difficult�s astronomiques, m�caniques, topographiques une fois r�solues, vint la question d'argent. Il s'agissait de se procurer une somme �norme pour l'ex�cution du projet. Nul particulier, nul �tat m�me n'aurait pu disposer des millions n�cessaires.

Le pr�sident Barbicane prit donc le parti, bien que l'entreprise f�t am�ricaine, d'en faire une affaire d'un int�r�t universel et de demander � chaque peuple sa coop�ration financi�re. C'�tait � la fois le droit et le devoir de toute la Terre d'intervenir dans les affaires de son satellite. La souscription ouverte dans ce but s'�tendit de Baltimore au monde entier, urbi et orbi.

Cette souscription devait r�ussir au-del� de toute esp�rance. Il s'agissait cependant de sommes � donner, non � pr�ter. L'op�ration �tait purement d�sint�ress�e dans le sens litt�ral du mot, et n'offrait aucune chance de b�n�fice.

Mais l'effet de la communication Barbicane ne s'�tait pas arr�t� aux fronti�res des �tats-Unis; il avait franchi l'Atlantique et le Pacifique, envahissant � la fois l'Asie et l'Europe, l'Afrique et l'Oc�anie. Les observatoires de l'Union se mirent en rapport imm�diat avec les observatoires des pays �trangers; les uns, ceux de Paris, de P�tersbourg, du Cap, de Berlin, d'Altona, de Stockholm, de Varsovie, de Hambourg, de Bude, de Bologne, de Malte, de Lisbonne, de B�nar�s, de Madras, de P�king, firent parvenir leurs compliments au Gun-Club; les autres gard�rent une prudente expectative.

Quant � l'observatoire de Greenwich, approuv� par les vingt-deux autres �tablissements astronomiques de la Grande-Bretagne, il fut net; il nia hardiment la possibilit� du succ�s, et se rangea aux th�ories du capitaine Nicholl. Aussi, tandis que diverses soci�t�s savantes promettaient d'envoyer des d�l�gu�s � Tampa-Town, le bureau de Greenwich, r�uni en s�ance, passa brutalement � l'ordre du jour sur la proposition Barbicane. C'�tait l� de la belle et bonne jalousie anglaise. Pas autre chose.

En somme, l'effet fut excellent dans le monde scientifique, et de l� il passa parmi les masses, qui, en g�n�ral, se passionn�rent pour la question. Fait d'une haute importance, puisque ces masses allaient �tre appel�es � souscrire un capital consid�rable.

Le pr�sident Barbicane, le 8 octobre, avait lanc� un manifeste empreint d'enthousiasme, et dans lequel il faisait appel �� tous les hommes de bonne volont� sur la Terre�. Ce document, traduit en toutes langues, r�ussit beaucoup.

Les souscriptions furent ouvertes dans les principales villes de l'Union pour se centraliser � la banque de Baltimore, 9, Baltimore street; puis on souscrivit dans les diff�rents �tats des deux continents:

A Vienne, chez S.-M. de Rothschild;

A P�tersbourg, chez Stieglitz et Ce;

A Paris, au Cr�dit mobilier;

A Stockholm, chez Tottie et Arfuredson;

A Londres, chez N.-M. de Rothschild et fils;

A Turin, chez Ardouin et Ce;

A Berlin, chez Mendelssohn;

A Gen�ve, chez Lombard, Odier et Ce;

A Constantinople,

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