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Read book online «De la terre à la lune, trajet direct en 97 heures 20 minutes by Jules Verne (i read book txt) 📕».   Author   -   Jules Verne



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m�tal il sera fait.

—D�cidons-le sans retard.

—J'allais vous le proposer.�

Vue id�ale du canon de J.-T. Maston (p. 46).

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Les quatre membres du Comit� aval�rent chacun une douzaine de sandwiches suivis d'un bol de th�, et la discussion recommen�a.

�Mes braves coll�gues, dit Barbicane, notre canon doit �tre d'une grande t�nacit�, d'une grande duret�, infusible � la chaleur, indissoluble et inoxydable � l'action corrosive des acides.

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—Il n'y a pas de doute � cet �gard, r�pondit le major, et comme il faudra employer une quantit� consid�rable de m�tal, nous n'aurons pas l'embarras du choix.

Le moine Schwartz inventant la poudre (p. 51).

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—Eh bien, alors, dit Morgan, je propose pour la fabrication de la Columbiad le meilleur alliage connu jusqu'ici, c'est-�-dire cent parties de cuivre, douze parties d'�tain et six parties de laiton.

—Mes amis, r�pondit le pr�sident, j'avoue que cette composition a donn� des r�sultats excellents; mais, dans l'esp�ce, elle co�terait trop cher et serait d'un emploi fort difficile. Je pense donc qu'il faut adopter une mati�re excellente, mais � bas prix, telle que la fonte de fer. N'est-ce pas votre avis, major?

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—Parfaitement, r�pondit Elphiston.

—En effet, reprit Barbicane, la fonte de fer co�te dix fois moins que le bronze, elle est facile � fondre, elle se coule simplement dans des moules de sable, elle est d'une manipulation rapide; c'est donc � la fois �conomie d'argent et de temps. D'ailleurs, cette mati�re est excellente, et je me rappelle que pendant la guerre, au si�ge d'Atlanta, des pi�ces en fonte ont tir� mille coups chacune de vingt minutes en vingt minutes, sans en avoir souffert.

—Cependant, la fonte est tr�s-cassante, r�pondit Morgan.

—Oui, mais tr�s-r�sistante aussi; d'ailleurs, nous n'�claterons pas, je vous en r�ponds.

—On peut �clater et �tre honn�te, r�pliqua sentencieusement J.-T. Maston.

—�videmment, r�pondit Barbicane. Je vais donc prier notre digne secr�taire de calculer le poids d'un canon de fonte long de neuf cents pieds, d'un diam�tre int�rieur de neuf pieds, avec parois de six pieds d'�paisseur.

—A l'instant,� r�pondit J.-T. Maston.

Et, ainsi qu'il avait fait la veille, il aligna ses formules avec une merveilleuse facilit�, et dit au bout d'une minute:

�Ce canon p�sera soixante-huit mille quarante tonnes (—68,040,000 kil.)

—Et � deux cents la livre (—10 centimes), il co�tera?...

—Deux millions cinq cent dix mille sept cent un dollars (—13,608,000 francs).�

J.-T. Maston, le major et le g�n�ral regard�rent Barbicane d'un air inquiet.

�Eh bien! Messieurs, dit le pr�sident, je vous r�p�terai ce que je vous disais hier, soyez tranquilles, les millions ne nous manqueront pas!�

Sur cette assurance de son pr�sident, le Comit� se s�para, apr�s avoir remis au lendemain soir sa troisi�me s�ance.

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CHAPITRE IX LA QUESTION DES POUDRES.

Restait � traiter la question des poudres. Le public attendait avec anxi�t� cette derni�re d�cision. La grosseur du projectile, la longueur du canon �tant donn�es, quelle serait la quantit� de poudre n�cessaire pour produire l'impulsion? Cet agent terrible, dont l'homme a cependant ma�tris� les effets, allait �tre appel� � jouer son r�le dans des proportions inaccoutum�es.

On sait g�n�ralement et l'on r�p�te volontiers que la poudre fut invent�e au quatorzi�me si�cle, par le moine Schwartz, qui paya de sa vie sa grande d�couverte. Mais il est � peu pr�s prouv� maintenant que cette histoire doit �tre rang�e parmi les l�gendes du moyen �ge. La poudre n'a �t� invent�e par personne; elle d�rive directement des feux gr�geois, compos�s comme elle de soufre et de salp�tre. Seulement, depuis cette �poque, ces m�langes, qui n'�taient que des m�langes fusants, se sont transform�s en m�langes d�tonants.

Mais si les �rudits savent parfaitement la fausse histoire de la poudre, peu de gens se rendent compte de sa puissance m�canique. Or c'est ce qu'il faut conna�tre pour comprendre l'importance de la question soumise au Comit�.

Ainsi un litre de poudre p�se environ deux livres (—900 grammes)[43]; il produit en s'enflammant quatre cents litres de gaz; ces gaz rendus libres, et sous l'action d'une temp�rature port�e � deux mille quatre cents degr�s, occupent l'espace de quatre mille litres. Donc le volume de la poudre est aux volumes des gaz produits par sa d�flagration comme un est � quatre mille. Que l'on juge alors de l'effrayante pouss�e de ces gaz lorsqu'ils sont comprim�s dans un espace quatre mille fois trop resserr�.

Voil� ce que savaient parfaitement les membres du Comit� quand le lendemain ils entr�rent en s�ance. Barbicane donna la parole au major Elphiston, qui avait �t� directeur des poudres pendant la guerre.

�Mes chers camarades, dit ce chimiste distingu�, je vais commencer par des chiffres irr�cusables qui nous serviront de base. Le boulet de 52 vingt-quatre, dont nous parlait avant-hier l'honorable J.-T. Maston en termes si po�tiques, n'est chass� de la bouche � feu que par seize livres de poudre seulement.

—Vous �tes certain du chiffre? demanda Barbicane.

—Absolument certain, r�pondit le major. Le canon Armstrong n'emploie que soixante-quinze livres de poudre pour un projectile de huit cents livres, et la Columbiad Rodman ne d�pense que cent soixante livres de poudre pour envoyer � six milles son boulet d'une demi-tonne. Ces faits ne peuvent �tre mis en doute, car je les ai relev�s moi-m�me dans les proc�s-verbaux du Comit� d'artillerie.

—Parfaitement, r�pondit le g�n�ral.

—Eh bien! reprit le major, voici la cons�quence � tirer de ces chiffres, c'est que la quantit� de poudre n'augmente pas avec le poids du boulet: en effet, s'il fallait seize livres de poudre pour un boulet de vingt-quatre; en d'autres termes, si, dans les canons ordinaires, on emploie une quantit� de poudre pesant les deux tiers du poids du projectile, cette proportionnalit� n'est pas constante. Calculez, et vous verrez que, pour le boulet d'une demi-tonne, au lieu de trois cent trente-trois livres de poudre, cette quantit� a �t� r�duite � cent soixante livres seulement.

—O� voulez-vous en venir? demanda le pr�sident.

—Si vous poussez votre th�orie � l'extr�me, mon cher major, dit J.-T. Maston, vous arriverez � ceci, que, lorsque votre boulet sera suffisamment lourd, vous ne mettrez plus de poudre du tout.

—Mon ami Maston est fol�tre jusque dans les choses s�rieuses, r�pliqua le major, mais qu'il se rassure; je proposerai bient�t des quantit�s de poudre qui satisferont son amour-propre d'artilleur. Seulement je tiens � constater que, pendant la guerre, et pour les plus gros canons, le poids de la poudre a �t� r�duit, apr�s exp�rience, au dixi�me du poids du boulet.

—Rien n'est plus exact, dit Morgan. Mais avant de d�cider la quantit� de poudre n�cessaire pour donner l'impulsion, je pense qu'il est bon de s'entendre sur sa nature.

—Nous emploierons de la poudre � gros grains, r�pondit le major; sa d�flagration est plus rapide que celle du pulv�rin.

—Sans doute, r�pliqua Morgan, mais elle est tr�s-brisante et finit par alt�rer l'�me des pi�ces.

—Bon! ce qui est un inconv�nient pour un canon destin� � faire un long service n'en est pas un pour notre Columbiad. Nous ne courons aucun danger d'explosion, et il faut que la poudre s'enflamme instantan�ment, afin que son effet m�canique soit complet.

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—On pourrait, dit J.-T. Maston, percer plusieurs lumi�res, de fa�on � mettre le feu sur divers points � la fois.

—Sans doute, r�pondit Elphiston, mais cela rendrait la manœuvre plus difficile. J'en reviens donc � ma poudre � gros grains, qui supprime ces difficult�s.

—Soit, r�pondit le g�n�ral.

—Pour charger sa Columbiad, reprit le major, Rodman employait une poudre � grains gros comme des ch�taignes, faite avec du charbon de saule simplement torr�fi� dans des chaudi�res de fonte. Cette poudre �tait dure et luisante, ne laissait aucune trace sur la main, renfermait dans une grande proportion de l'hydrog�ne et de l'oxyg�ne, d�flagrait instantan�ment, et, quoique tr�s-brisante, ne d�t�riorait pas sensiblement les bouches � feu.

—Eh bien! il me semble, r�pondit J.-T. Maston, que nous n'avons pas � h�siter, et que notre choix est tout fait.

—A moins que vous ne pr�f�riez de la poudre d'or,� r�pliqua le major en riant, ce qui lui valut un geste mena�ant du crochet de son susceptible ami.

Jusqu'alors Barbicane s'�tait tenu en dehors de la discussion. Il laissait parler, il �coutait. Il avait �videmment une id�e. Aussi se contenta-t-il simplement de dire:

�Maintenant, mes amis, quelle quantit� de poudre proposez-vous?�

Les trois membres du Gun-Club s'entre-regard�rent un instant.

�Deux cent mille livres, dit enfin Morgan.

—Cinq cent mille, r�pliqua le major.

—Huit cent mille livres,� s'�cria J.-T. Maston.

Cette fois, Elphiston n'osa pas taxer son coll�gue d'exag�ration. En effet, il s'agissait d'envoyer jusqu'� la Lune un projectile pesant vingt mille livres et de lui donner une force initiale de douze mille yards par seconde. Un moment de silence suivit donc la triple proposition faite par les trois coll�gues.

Il fut enfin rompu par le pr�sident Barbicane.

�Mes braves camarades, dit-il d'une voix tranquille, je pars de ce principe, que la r�sistance de notre canon construit dans les conditions voulues est illimit�e. Je vais donc surprendre l'honorable J.-T. Maston en lui disant qu'il a �t� timide dans ses calculs, et je proposerai de doubler ses huit cent mille livres de poudre.

—Seize cent mille livres? fit J.-T. Maston en sautant sur sa chaise.

—Tout autant.

—Mais alors il faudra en revenir � mon canon d'un demi-mille de longueur.

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—C'est �vident, dit le major.

—Seize cent mille livres de poudre, reprit le secr�taire du Comit�, occuperont un espace de vingt-deux mille pieds cubes[44] environ; or, comme votre canon n'a qu'une contenance de cinquante-quatre mille pieds cubes[45], il sera � moiti� rempli, et l'�me ne sera plus assez longue pour que la d�tente des gaz imprime au projectile une suffisante impulsion.�

Il n'y avait rien � r�pondre. J.-T. Maston disait vrai. On regarda Barbicane.

�Cependant, reprit le pr�sident, je tiens � cette quantit� de poudre. Songez-y, seize cent mille livres de poudre donneront naissance � six milliards de litres de gaz. Six milliards! Vous entendez bien?

—Mais alors comment faire? demanda le g�n�ral.

—C'est tr�s-simple; il faut r�duire cette �norme quantit� de poudre, tout en lui conservant cette puissance m�canique.

—Bon! mais par quel moyen?

—Je vais vous le dire,� r�pondit simplement Barbicane.

Ses interlocuteurs le d�vor�rent des yeux.

�Rien n'est plus facile, en effet, reprit-il, que de ramener cette masse de poudre � un volume quatre fois moins consid�rable. Vous connaissez tous cette mati�re curieuse qui constitue les tissus �l�mentaires des v�g�taux, et qu'on nomme cellulose.

—Ah! fit le major, je vous comprends, mon cher Barbicane.

—Cette mati�re, dit le pr�sident, s'obtient � l'�tat de puret� parfaite dans divers corps, et surtout dans le coton, qui n'est autre chose que le poil des graines du cotonnier. Or le coton, combin� avec de l'acide azotique � froid, se transforme en une substance �minemment insoluble, �minemment combustible, �minemment explosible. Il y a quelques ann�es, en 1832, un chimiste fran�ais, Braconnot, d�couvrit cette substance, qu'il appela xylo�dine. En 1838, un autre Fran�ais, Pelouze, en �tudia les diverses propri�t�s, et enfin, en 1846, Shonbein, professeur de chimie � B�le, la proposa comme poudre de guerre. Cette poudre, c'est le coton azotique...

—Ou pyroxyle, r�pondit Elphiston.

—Ou fulmi-coton, r�pliqua Morgan.

—Il n'y a donc pas un nom d'Am�ricain � mettre au bas de cette d�couverte? s'�cria J.-T. Maston pouss� par un vif sentiment d'amour-propre national.

—Pas un, malheureusement, r�pondit le major.

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—Cependant, pour satisfaire Maston, reprit le pr�sident, je lui dirai que les travaux d'un de nos concitoyens peuvent �tre rattach�s � l'�tude de la cellulose, car le collodion, qui est un des principaux agents de la photographie, est tout simplement du pyroxyle dissous dans de l'�ther additionn� d'alcool, et il a �t� d�couvert par Maynard, alors �tudiant en m�decine � Boston.

—Eh bien! hurrah pour Maynard et pour le fulmi-coton! s'�cria le bruyant secr�taire du Gun-Club.

—Je reviens au pyroxyle, reprit Barbicane. Vous connaissez ses propri�t�s, qui vont nous le rendre si pr�cieux; il se pr�pare avec la plus grande facilit�; du coton plong� dans de l'acide azotique fumant[46], pendant quinze minutes, puis lav� � grande eau, puis s�ch�, et voil� tout.

—Rien de plus simple, en effet, dit Morgan.

—De plus, le pyroxyle est inalt�rable � l'humidit�, qualit� pr�cieuse � nos yeux, puisqu'il faudra plusieurs jours pour charger le canon; son inflammabilit� a lieu � cent soixante-dix degr�s au lieu de deux cent quarante, et sa d�flagration est si subite, qu'on peut l'enflammer sur de la poudre ordinaire, sans que celle-ci ait le temps de prendre feu.

—Parfait, r�pondit le major.

—Seulement il est plus co�teux.

—Qu'importe? fit J.-T. Maston.

—Enfin il communique aux projectiles une vitesse quatre fois sup�rieure � celle de la poudre. J'ajouterai m�me que, si on y m�le les huit dixi�mes de son poids de nitrate de potasse, sa puissance expansive est encore augment�e dans une grande proportion.

—Sera-ce n�cessaire? demanda le major.

—Je ne le pense pas, r�pondit Barbicane. Ainsi donc, au lieu de seize cent mille livres de poudre, nous n'aurons que quatre cent mille livres de fulmi-coton, et, comme on peut sans danger comprimer cinq cents livres de coton dans vingt-sept pieds cubes, cette mati�re n'occupera qu'une hauteur de trente toises dans

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