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Read book online «Le Vingtième Siècle: La Vie Électrique by Albert Robida (reading fiction txt) 📕».   Author   -   Albert Robida



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les conflits d'int�r�ts, a multipli� de m�me les causes et les occasions de guerre.

Les mœurs, les habitudes, les id�es d'aujourd'hui, enfin, diff�rent des id�es d'autrefois autant que le monde politique, en sa constitution actuelle, diff�re du monde politique de jadis.—Qu'�tait-ce que la petite Europe du 19e si�cle, r�gentant les continents de par la puissance que lui fournissaient ses sciences—� l'�tat embryonnaire pourtant, mais dont elle seule monopolisait la possession? L'Europe seule comptait. Maintenant, la Science, s'�tant comme un flot d'inondation r�pandue � peu pr�s �galement sur toute la surface du globe, a mis tous les peuples au m�me niveau, ou � peu pr�s, aussi bien les vieilles nations m�pris�es de l'Asie que les peuples tout jeunes n�s de quelques douzaines d'�migrants ou d'un noyau de convicts et d'outlaws dans les solitudes lointaines des Oc�ans. Maintenant, tout l'univers compte, car il poss�de les m�mes explosifs, les m�mes engins perfectionn�s, les m�mes moyens pour l'attaque et la d�fense.

PROGRAMME DE VOYAGE DE FIAN�AILLES: L'USINE DE CAPTATION DES FORCES PLAN�TAIRES.

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Les id�es n'ont pas moins chang�, � r�veurs de l'universel embrassement entre les peuples, doux utopistes, innocents et na�fs historiens, qui fl�trissiez les violences d'autrefois, aussi bien les guerres de conqu�tes entreprises par quelque prince ambitieux en vue d'arrondir ses �tats avec quelques m�chantes bribes de provinces, que les guerres allum�es par la vanit� des nations, sans motifs int�ress�s, uniquement pour �tablir la supr�matie d'une race sur une autre.

O doux r�veurs! � po�tes! il s'agit bien maintenant de ces v�tilles, querelles de princes ou querelles de peuples, petites guerres de monarques se disputant, dans le tohu-bohu du Moyen �ge, la possession de quelque maigre duch�, troubles int�rieurs de nationalit�s en train de se constituer, ou m�me grandes guerres entreprises pour l'�tablissement ou la conservation d'un certain �quilibre entre les nations!

Georges Lorris en uniforme.

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Fadaises que tout cela! Ces luttes, ces querelles sanglantes que vous fl�trissiez si vigoureusement, c'�tait tout de m�me la manifestation d'un confus id�alisme r�gnant sur les cerveaux; les plus enrag�s guerroyeurs ne parlant que de droit, toujours on croyait ou l'on pr�tendait combattre pour le droit ou la libert� ou m�me la fraternit� des peuples, en ce temps-l�! Aujourd'hui, c'est le r�gne du R�alisme dominateur! Nous faisons la guerre autant et m�me plus qu'autrefois, non point pour des id�es creuses ou des r�veries, mais, au contraire, en vue de quelque avantage s�rieux et palpable, de quelque profit important.

L'industrie d'une nation p�riclite-t-elle parce qu'une autre nation voisine ou �loign�e poss�de les moyens fournis par la nature ou l'industrie de produire � meilleur compte? Une guerre va d�cider � qui doit rester le march�, par la destruction des centres industriels du vaincu ou par quelque bon trait� impos� � coups de torpilles.

Notre commerce a-t-il besoin de d�bouch�s pour le trop-plein de ses produits? Bellone, avec ses puissants engins, se chargera d'en ouvrir. Les trait�s de commerce ainsi impos�s ne durent pas longtemps, soit; mais, en attendant, ils font la richesse d'une g�n�ration, et, quand ceux-ci seront d�chir�s, nous trouverons bien d'autres occasions!

Lors du triomphe de la Science et de la grande mise en exploitation industrielle des continents, certaines nations n'ont pu supporter les frais d'�tablissement et se sont trop fortement ob�r�es. Les nations d�bitrices se moqu�rent d'abord tr�s gentiment de leurs cr�anciers ruin�s; mais les cr�ances existent toujours, elles sont tomb�es, par rachat des titres, entre bonnes mains, entre les puissantes tenailles de nations qui savent se faire payer manu militari, ou, ce qui est encore plus malin, par une saisie de tous les revenus de l'�tat en faillite, et convertir les royaumes ob�r�s en bonnes fermes productives.

Ainsi va d�sormais le monde, aussi bien en cette vieille Europe, dont la division territoriale change assez souvent, que dans l'Am�rique, subdivis�e en un certain nombre de coupures plut�t qu'en nations, o� les changements sont encore moins rares, ou que dans l'Asie, plus compacte, envahie par l'�pre et prolifique race chinoise.

D�FIL� DU 8e CHIMISTES.

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Ainsi donc, dans notre civilisation ultra-scientifique, toujours environn�e de p�rils latents, une nation doit, suivant le vieil adage, plus vrai encore que jadis, rester toujours sur le pied de guerre pour avoir la paix et se garder s�v�rement, � terre, sur mer et dans l'atmosph�re.

Que de pr�cautions, que de soins, que d'ordre pour tenir la machine militaire pr�te � fournir toute son �nergie, � toute heure, � toute minute, au premier signe, sur un simple bouton press� dans le cabinet du ministre de la Guerre!

Mais on y arrive.

Tout est pr�vu, combin�, arrang�. Notre organisation militaire d'aujourd'hui est un chef-d'œuvre de m�canique qui semble d� aux g�nies combin�s de Vaucanson, de Napol�on et d'Edison.

Les habitants de Ch�teaulin s'�veillaient � peine, le 12 ao�t, lorsqu'� cinq heures sonnant aux cadrans �lectriques officiels, une centaine d'officiers de r�serve de tous grades, d�barqu�s des tubes ou venus par a�ronefs, se pr�sent�rent au D�p�t chimique, o� les attendait le colonel du 8e chimistes.

Georges �tait l�, rev�tu de l'uniforme �l�gant et s�v�re de son corps: vareuse marron sombre � brandebourgs, culotte noire et bottes, casque � visi�re et mentonni�re mobiles se baissant au moment des op�rations chimiques. Un r�servoir d'oxyg�ne � tube mobile, un revolver � air comprim� et un sabre compl�tent l'�quipement.

Le sabre est une tradition, un dernier vestige de l'ancien armement du Moyen �ge; on ne se sert gu�re, sur les champs de bataille modernes, de ces instruments encombrants, d'un maniement compliqu� et de si peu d'effet.

Par Bellone! nous avons aujourd'hui mieux que ces glaives, bons tout au plus � d�couper les gigots en garnison.

Nous avons beaucoup mieux, certes, avec notre joli catalogue d'explosifs vari�s, qui commencent, il est vrai, � se d�moder un peu. Ne poss�dons-nous pas la s�rie des gaz asphyxiants ou paralysants, commodes � envoyer par tubes � petites distances ou par obus l�gers, simples bonbonnes facilement dirig�es � 30 ou 40 kilom�tres de nos canons �lectriques! Et l'artillerie miasmatique du corps m�dical offensif! Elle est en train de s'organiser, mais ses redoutables bo�tes � miasmes et ses obus � microbes vari�s commencent � �tre appr�ci�s.

Ah oui! nous avons mieux que l'antique coupe-choux, mieux que tous les instruments perforants ou contondants qui, pendant tant de si�cles, furent les principaux outils des batailles! Quelques esprits, chagrins contempteurs du progr�s, osent les regretter et pr�tendent que ces merveilles de la science, appliqu�es � la guerre, ont tu� la vaillance et supprim� cette belle pouss�e du cœur qui jetait les hommes en avant sur l'ennemi, dans la lutte ardente et loyale. D'apr�s eux, feu le courage militaire, inutile et impuissant d�sormais, se trouve remplac� par une r�signation fataliste, par la passivit� des cibles...

Mais foin de ces vains regrets et vive le progr�s!

A 5 h. 15, le 8e chimistes se compl�tait avec ses r�servistes amen�s par train sp�cial du grand tube de Bretagne, bifurquant � Morlaix; ils recevaient leurs uniformes et leur �quipement, plus sept jours de boulettes de viande concentr�e, et � 5 h. 48, sur un coup de sifflet, les vingt batteries du 8e chimistes, �tincelantes sous le soleil levant, s'alignaient sur le champ de manœuvres, devant le d�p�t.

LES BOMBARDES ROULANTES ARRIVANT PAR LES ROUTES DE TERRE.

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A 5 h. 51, les pompistes du corps m�dical offensif, en quatre sections, arrivaient � leur tour et presque en m�me temps paraissaient, � 200 m�tres dans le ciel, les torp�distes a�riens sortant de leur d�p�t.

Le g�n�ral commandant parut � six heures pr�cises, � la t�te d'un brillant �tat-major, et parcourut rapidement le front des troupes.

Il r�unit les officiers sup�rieurs pour leur communiquer le programme des manœuvres et leur donner des ordres.

Un ennemi, repr�sent� par une premi�re portion du corps d'arm�e, partie la veille, �tait suppos� avoir pris Brest, en glissant dans le port une nu�e de Goubets de toutes tailles,—ces terribles et difficilement saisissables torpilleurs sous-marins invent�s vers la fin du si�cle dernier, qui font de toute guerre maritime une succession de surprises,—et en faisant sauter toutes les d�fenses qui eussent pu s'opposer au d�barquement de ses forces.

Dans sa marche sur Rennes, il mena�ait Ch�teaulin par son aile droite et cherchait � le d�border par son escadre a�rienne.

LES MITRAILLEURS.

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On devait donc ex�cuter toutes les op�rations n�cessaires pour d�fendre Ch�teaulin, puis chercher � couper les escadrilles a�riennes et les torp�distes roulants lanc�s en avant par l'ennemi, couvrir certaines zones de vapeurs d�l�t�res, reprendre, co�te que co�te, les positions, villes, villages ou hameaux enlev�s, et enfin rejeter l'ennemi � la c�te ou dans les zones suppos�es rendues inhabitables par le corps m�dical offensif. Tel �tait le plan des op�rations de d�fense, expos� en tous ses d�tails � ses officiers par le g�n�ral commandant, un de nos plus brillants ing�nieurs militaires.

A 6 h. 15, les op�rations commen�aient.

H�liog. & Imp. Lemercier, Paris.

Feu le Courage militaire

remplac� par la r�signation fataliste des Cibles.

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La mobilisation avait donc demand� une heure quinze minutes, ce qui �tait un beau r�sultat, le pr�c�dent essai ayant pris une heure dix-huit minutes.

GRANDES MANŒUVRES.—SURPRISE DU PORT DE BREST PAR LES GOUBETS.

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Les officiers de l'escadre a�rienne, faisant virer leurs h�licopt�res, regagn�rent rapidement leurs postes; on vit aussi une nu�e d'�claireurs torp�distes � marche acc�l�r�e s'�lancer en avant, en d�crivant une sorte d'�ventail dans le ciel, et dispara�tre bient�t, perdus dans les lointaines vapeurs. Derri�re, les grosses a�ronefs, sur une seule et immense ligne dont les intervalles s'�largissaient de plus en plus, de fa�on � embrasser le plus possible d'horizon, marchaient plus lentement, toutes pr�tes � pivoter sur un point au premier signal, d�s que l'escadrille ennemie serait aper�ue.

Les forces terriennes, pendant ce temps-l�, s'�taient �branl�es aussi; un train sp�cial du tube transporta quelques bataillons de mitrailleuses jusqu'au trenti�me kilom�tre, o� le tube �tait cens� coup� par des �claireurs ennemis.

Le premier contact �tait pris; les �claireurs torp�distes a�riens ou bicyclistes terriens repouss�s, l'ennemi fut signal� en train de se concentrer � 16 kilom�tres de l�. Aussit�t les bombardes roulantes �lectriques, arrivant par les routes de terre � 10 h. 45, commenc�rent l'attaque en refoulant les bombardes ennemies.

Toute la journ�e fut employ�e en manœuvres aussi savantes d'un c�t� que de l'autre. L'ennemi avait eu le temps de se couvrir en semant des torpilles � blanc qui, dans une guerre, eussent caus� des pertes �normes. Il fallait donc avancer prudemment, les �venter autant que possible et tourner les obstacles. Les mitrailleurs, divis�s en petites sections, se faufilaient en profitant de tous les mouvements de terrain, portant leurs petits r�servoirs � bras, les officiers et sous-officiers en avant, fouillant l'horizon avec leurs lorgnettes et calculant les distances. D�s qu'une section arrivait � bonne port�e, c'est-�-dire � 4 kilom�tres d'un ennemi visible, chaque homme vissait son tube-fusil aux embouchures mobiles du r�servoir et on ouvrait le feu.

L'artillerie chimique, � 10 kilom�tres en arri�re de la ligne d'attaque, tirait sur les points que les �claireurs � h�licopt�res venaient leur signaler. L'artillerie tirait au jug�, bien entendu, en se rep�rant sur la carte, le but, toujours plac� � 12 ou 15 kilom�tres pour le moins, restant forc�ment invisible pour elle. Dans une vraie guerre, elle e�t couvert les points indiqu�s par les �claireurs de ses terribles explosifs ou d'obus � vapeurs d�l�t�res.

L'escadre a�rienne resta invisible pendant toute la journ�e. Vers le soir, le corps de d�fense remporta quelques avantages marqu�s, mais on s'aper�ut que l'ennemi avait adroitement dissimul� un mouvement tournant sur la droite et qu'en somme cette premi�re journ�e lui �tait favorable.

Cependant le g�n�ral commandant avait laiss� une r�serve de cinq batteries du 8e chimistes avec le bataillon m�dical offensif tout entier � Ch�teaulin pour couvrir la ville, et nous allons voir que cette sage pr�caution ne fut pas inutile. La batterie de Georges Lorris faisait partie de cette r�serve. Le jeune homme put recevoir sa fianc�e et ses amis, et les installer dans un bon h�tel en belle situation sur la colline dominant tout le cours de la rivi�re. Il offrit � d�jeuner � Estelle au campement des chimistes, un vrai d�jeuner militaire, o� les convives n'avaient pour si�ges que des caisses de torpilles et d'explosifs divers.

D�JEUNER SUR LE CHAMP DE BATAILLE.

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Dans l'apr�s-midi, voyant qu'il pouvait disposer d'un peu de temps apr�s une revue du mat�riel, il prit une a�ronef et mena ses amis voir l'engagement; mais, comme on ne put approcher trop pr�s de peur de tomber dans les mains de l'ennemi, on ne vit pas grand'chose; � peine, sur l'immense terrain d�couvert, quelques groupes d'individus minuscules filant le long des haies et, �� et l�, quelques flocons de fum�e aussit�t dissip�e dans l'air.

Comme on ne

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