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Avoir Réduit Cette Preuve À

Sa Juste Valeur.

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 81

 

[Note 78: On Trouve Dans Le _Journal De Paris_, Du 28 Novembre 1787,

Une Lettre Signée _Villars_ Qui Reproche À L'éditeur D'avoir Mêlé À

Sa Publication Des Anecdotes Défavorables À La Famille Ferriol; Le

Témoignage De M. D'argental, Encore Vivant, Y Est Invoqué. Celle Lettre,

Écrite Dans Un Intérêt De Famille, Prouve Une Seule Chose, C'est Qu'on

Était Loin De Croire Alors Et Qu'on N'avait Jamais Admis Jusque-Là

Qu'aïssé Eût Été Sacrifiée À L'ambassadeur.--Voir Ci-Après La Note [G].]

 

[Note 79: _Année Littéraire_, 1788. Tome Vi, Page 209.]

 

[Note 80: _Essais De Littérature Française_, Tome 1er, Page 188 (3e

Édition).]

 

Le Fait Est Qu'à Dater D'un Certain Moment, Qui Pourrait Bien N'être

Autre Que Celui De La Tentative Avortée, Mlle Aïssé Eut Son Domicile

Habituel Chez Mme De Ferriol, Et Ce Ne Fut Plus Ensuite Que Dans Les

Deux Dernières Années De La Vie De L'ambassadeur Qu'elle Retourna Près

De Lui Pour Lui Rendre Les Soins De La Reconnaissance. Il Mourut Le

26 Octobre 1722, À L'âge D'environ Soixante-Quinze Ans. Est-Il Besoin

D'ajouter Que, Durant Ce Dernier Séjour[81], Elle Était Plus Que

Préservée Par Toutes Les Bonnes Raisons Et Par L'amour Même Du Chevalier

D'aydie, Qui L'aimait Dès Lors, Comme On Le Voit D'après Certains

Passages Des Lettres De Lord Bolingbroke? Je Transcrirai Ici

Quelques-Uns De Ces Endroits Qui Ont De L'intérêt À Travers Leur

Obscurité Et Malgré Le Sous-Entendu Des Allusions.

 

[Note 81: Mme De Ferriol, Qui Avait Habité D'abord Rue Des

Fossés-Montmartre, Logeait En Dernier Lieu Rue Neuve-Saint-Augustin,

Et L'ambassadeur Demeurait Dans Le Même Hôtel; Ainsi Ces Diverses

Installations Pour Aïssé Se Réduisaient Au Plus À Un Changement

D'appartement.]

 

Bolingbroke Écrivait À Mme De Ferriol, Le 17 Novembre 1721, En

L'invitant À Venir Passer Les Fêtes De Noël À Sa Campagne De _La

Source_, Près D'orléans: «Nous Avons Été Fort Agréablement Surpris

De Voir Que Mlle Aïssé Veuille Être De La Partie Et Renoncer Pendant

Quelque Temps Aux Plaisirs De Paris. Peut-Être Ne Fait-Elle Pas Mal De

Visiter Ses Amis Au Fond D'une Province, Comme D'autres Y Vont Visiter

Leurs Mères. Quel Que Soit Le Motif Qui Nous Attire Ce Plaisir, Nous Lui

En Sommes Très-Obligés...» Et Sur Une Autre Page De La Même Lettre, Dans

Une Apostille Pour M. D'argental: «N'auriez-Vous Pas Contribué À Nous

Procurer Le Plaisir D'y Voir Mlle Aïssé? Je Soupçonne Fort Que Vos

Conseils, Et Peut-Être Le Procédé D'une Autre Personne, Lui Ont Inspiré

Un Goût Pour La Campagne, Que Je Tâcherais De Cultiver, Si J'avais

Quelques Années De Moins.»--Quel Est Ce Procédé? Et De Quelle Autre

Personne S'agit-Il? Nous Chercherons Tout À L'heure.--Un Mois Après,

Bolingbroke Écrivait Encore À Mme De Ferriol (30 Décembre 1721): «Je

Compte Que Vous Viendrez; Je Me Flatte Même De L'espérance D'y Voir Mme

Du Deffand; Mais, Pour Mlle Aïssé, Je Ne L'attends Pas. Le Turc Sera Son

Excuse, Et Un Certain Chrétien De Ma Connaissance, Sa Raison.» Ainsi,

Dès Lors, Mlle Aïssé Était Aimée Du Chevalier D'aydie (Car C'est Bien

Lui Qui Se Trouve Ici Désigné); Et Si Elle Restait À Paris, Sous

Prétexte De Ne Pas Quitter M. De Ferriol, Elle Avait Sa Raison Secrète,

Plus Voisine Du Coeur.

 

A Une Date Antérieure, Le 4 Février 1719, Il Est Question, Dans Un Autre

Billet De Bolingbroke À D'argental, De Je Ne Sais Quel Événement Plus

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 82

Ou Moins Fâcheux Survenu À L'aimable Circassienne; Je Donne Les Termes

Mêmes Sans Me Flatter De Les Pénétrer: «Je Vous Suis Très-Obligé, Mon

Cher Monsieur, De Votre Apostille; Mais La Nouvelle Que Vous M'y Envoyez

Me Fâche Extrêmement. Mademoiselle Aïssé Était Si Charmante, Que Toute

Métamorphose Lui Sera Désavantageuse. Comme Vous Êtes _De Tous Ses

Secrets Le Grand Dépositaire_[82], Je Ne Doute Point Que Vous Ne Sachiez

Ce Qui Peut Lui Avoir Attiré Ce Malheur: Est-Elle La Victime De

La Jalousie De Quelque Déesse, Ou De La Perfidie De Quelque Dieu?

Faites-Lui Mes Très-Humbles Compliments, Je Vous Supplie. J'aimerais

Mieux Avoir Trouvé Le Secret De Lui Plaire Que Celui De La Quadrature Du

Cercle Ou De Fixer La Longitude.» Comme Ce Billet À D'argental Est Écrit

En Apostille D'une Lettre À Mme De Ferriol Et À La Suite De La

Même Page, On Ne Doit Pas Y Chercher Un Bien Grand Mystère. Cette

Métamorphose, Qui Ne Saurait Être Que _Désavantageuse_, Pourrait Bien

N'avoir Été Autre Chose Que La Petite Vérole Qu'aurait Envoyée À Ce

Charmant Visage Quelque Divinité Jalouse; Dans Tous Les Cas, Il Ne

Paraît Point Qu'elle Ait Laissé Beaucoup De Traces, Et Le Don De Plaire

Fut Après Ce Qu'il Était Avant.

 

[Note 82:

 

  Tu Seras De Mon Coeur L'unique Secrétaire,

  Et De Tous Nos Secrets Le Grand Dépositaire.

 

C'est Dorante Qui Dit Cela Dans _Le Menteur_ (Acte Ii, Scène Vi).

Bolingbroke Savait Sa Littérature Française Par Le Menu.]

 

La Phrase Qu'on A Lue Plus Haut Sur Le _Procédé_ D'une Certaine

Personne, Lequel Était De Nature, Selon Bolingbroke, À Faire Désirer À

Mlle Aïssé Un Éloignement Momentané De Paris, Pourrait Bien S'appliquer

À Ce Qu'on Sait D'une Tentative Du Régent Auprès D'elle. Ce Prince, En

Effet, L'ayant Rencontrée Chez Mme De Parabère, La Trouva Tout Aussitôt

À Son Gré Et Ne Douta Point De Réussir; Il Chercha À Plaire De

Sa Personne, En Même Temps Qu'il Fit Faire Sous Main Des Offres

Séduisantes, Capables De Réduire La Plus Rebelle Des Danaë; Finalement

Il Mit En Jeu Mme De Ferriol Elle-Même, Peu Scrupuleuse Et Propre À

Toutes Sortes D'emplois. Rien N'y Put Faire, Et Mlle Aïssé, Décidée À Ne

Point Séparer Le Don De Son Coeur D'avec Son Estime, Déclara Que Si On

Continuait De L'obséder, Elle Se Jetterait Dans Un Couvent. Une Telle

Conduite Semble Assez Répondre De Celle Qu'elle Tint Envers M. De

Ferriol; Les Deux Sultans Eurent Le Même Sort; Seulement Elle Y Mit Avec

L'un Toute La Façon Désirable, Tout Le Dédommagement Du Respect Filial

Et De La Reconnaissance.

 

L'ambassadeur Mort (Octobre 1722), Mlle Aïssé Revint Loger Chez Mme De

Ferriol, Qui Manqua De Délicatesse Jusqu'à Lui Reprocher Les Bienfaits

Du Défunt. Indépendamment D'un Contrat De 4,000 Livres De Rentes

Viagères, Ce Turc, Qui Avait Du Bon, Et Dont L'affection Pour Celle

Qu'il Nommait Sa Fille Était Réelle, Bien Que Mélangée, Lui Avait Laissé

En Dernier Lieu Un Billet D'une Somme Assez Forte, Payable Par Ses

Héritiers. Cette Somme À Débourser Tenait Surtout À Coeur À Mme De

Ferriol, Et Elle Le Fit Sentir À Mlle Aïssé, Qui Se Leva, Alla Prendre

Le Billet Et Le Jeta Au Feu En Sa Présence.

 

Ce Dut Être En 1721 Ou 1720 Au Plus Tôt, Que Les Relations De Mlle Aïssé

Et Du Chevalier D'aydie Commencèrent: Elle Le Vit Pour La Première Fois

Chez Mme Du Deffand, Jeune Alors, Mariée Depuis 1718, Et Qui Était

Citée Pour Ses Beaux Yeux Et Sa Conduite Légère, Non Moins Que Pour Son

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 83

Imagination Vive Et Féconde, Comme Elle Le Fut Plus Tard Pour Sa Cécité

Patiente, Sa Fidélité En Amitié Et Son Inexorable Justesse De Raison. Le

Chevalier Blaise-Marie D'aydie, Né Vers 1690, Fils De François D'aydie

Et De Marie De Sainte-Aulaire, Était Propre Neveu Par Sa Mère Du Marquis

De Sainte-Aulaire De L'académie Française[83]. Ses Parents Eurent Neuf

Enfants Et Peu De Biens; Trois Filles Entrèrent Au Couvent, Trois Cadets

Suivirent L'état Ecclésiastique. Blaise, Le Second Des Garçons, Qui

Avait Titre _Clerc Tonsuré Du Diocèse De Périgueuse, Chevalier Non

Profès De L'ordre De Saint-Jean De Jérusalem_, Fut Présenté À La Cour

Du Palais-Royal Par Son Cousin Le Comte De Rions, Lequel Était L'amant

Avoué Et Le Mari Secret De La Duchesse De Berry, Fille Du Régent. Rions

Avait La Haute Main Au Luxembourg; Il Introduisit Son Jeune Cousin,

Dont La Bonne Mine Réussit D'emblée Assez Bien Pour Attirer Un Caprice

Passager De Cette Princesse, Qui Ne Se Les Refusait Guère. Le Chevalier

Était Donc Dans Le Monde Sur Le Pied D'un Homme À La Mode, Lorsqu'il

Rencontra Mlle Aïssé, Et, De Ce Jour-Là, Il Ne Fut Plus Qu'un Homme

Passionné, Délicat Et Sensible. Les Premiers Temps De Leur Liaison

Paraissent Avoir Été Traversés; La Résistance De La Jeune Femme, La

Concurrence Peut-Être Du Régent, Quelques Restes De Jalousie Sans Doute

De M. De Ferriol, Compliquèrent Cette Passion Naissante. Le Chevalier

Fit Un Long Voyage, Et On Le Voit Au Bout De La Pologne, À Wilna, En

Juin 1723; Mais, À Son Retour, Mlle Aïssé Était Vaincue, Et On N'en

Pourrait Douter, Lors Même Qu'on N'en Aurait D'autre Preuve Que Ce

Passage D'une Lettre De Bolingbroke À D'argental (De Londres, 28

Décembre 1723): «Parlons, En Premier Lieu, Mon Respectable Magistrat, De

L'objet De Nos Amours. Je Viens D'en Recevoir Une Lettre: Vous Y Avez

Donné Occasion, Et Je Vous En Remercie. En Vous Voyant, Elle Se Souvient

De Moi; Et Je Meurs De Peur Qu'en Me Voyant Elle Ne Se Souvienne De

Vous. Hélas! En Voyant Le _Sarmate_, Elle Ne Songe Ni À L'un Ni À

L'autre. Devineriez-Vous Bien La Raison De Ceci? Faites-Lui Mes Tendres

Compliments. J'aurai L'honneur De Lui Répondre Au Premier Jour... Mille

Compliments À M. Votre Frère. J'adore Mon Aimable Gouvernante[84];

Mandez-Moi Des Nouvelles De Son Coeur, C'est Devant Vous Qu'il

S'épanche.»

 

[Note 83: J'emprunterai Beaucoup, Dans Tout Ce Que J'aurai À Dire Du

Chevalier D'aydie, À Une Notice Manuscrite Dont Je Dois Communication À

La Bienveillance De M. Le Comte De Sainte-Aulaire.]

 

[Note 84: Toujours Mlle Aïssé; Il La Désigne Ainsi Par Suite De

Quelque Plaisanterie De Société Et Par Allusion Probablement Au Rôle Où

Il L'avait Vue Dans Les Derniers Temps De M. De Ferriol.]

 

Ce Passage En Sous-Entendait Beaucoup Plus Qu'il N'en Exprimait, Et

L'année Précédente Il S'était Passé Un Événement Dont Bien Peu De

Personnes Avaient Eu Le Secret. Mlle Aïssé, Sentant Qu'elle Allait

Devenir Mère, N'avait Pu Prendre Sur Elle De Se Confier À Mme De

Ferriol, Qui Aurait Trop Triomphé De Voir Le Naufrage D'une Vertu

Naguère Si Assurée, Et Qui N'était Pas Femme À Comprendre Ce Qui Sépare

Une Tendre Faiblesse D'une Séduction Par Intérêt Ou Par Vanité. Dans Son

Anxiété Croissante, Et Les Moments Du Péril Approchant, La Jeune Femme

Recourut À Mme De Villette, Qui, Depuis Un An Ou Deux Ans, Avait Pris

Nom Lady Bolingbroke. Cette Dame Aimable Et Spirituelle Avait Épousé

En Premières Noces Le Marquis De Villette, Proche Parent De Mme De

Maintenon [85], Veuf Et Père Déjà De Plusieurs Enfants, Du Nombre

Desquels Était Cette Charmante Madame De Caylus. Mme De Villette, À Peu

Près Du Même Âge Que Sa Belle-Fille Et Sortie Également De Saint-Cyr,

Avait, Dans Son Veuvage, Contracté Une

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