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Présence À Constantinople.

 

«La Première, En 1703, Est De Trois Mois. D'une Part, Elle Est Trop

Courte Pour Qu'à Cette Époque M. De Ferriol Pût Se Rendre, Dans Cet

Intervalle, De Constantinople En France; D'autre Part, Elle Est

Suffisamment Expliquée Par L'extrait Suivant D'une Lettre Du Roi À M. De

Ferriol:

 

«_Extrait D'une Lettre De Louis Xiv À M. De Ferriol._

 

A Versailles, Le 4 Mai 1703.

 

Monsieur De Ferriol, Les Dernières Lettres Que J'ay Reçues De Vous Sont

Du 24 Décembre De L'année Dernière Et Du 28 Janvier De Cette Année; Je

Suis Persuadé Qu'il Y En Aura Eu Plusieurs De Perdues, Car Il Y A Lieu

De Croire Que Vous M'auriez Informé Des Changements Arrivés À La Porte

(_La Déposition Et La Mort Violente Du Grand-Vizir_) Depuis Votre Lettre

Du Mois De Janvier. Je Ne Les Ay Cependant Appris Que Par Les Nouvelles

D'allemagne. On Craignoit À Vienne Le Caractère Entreprenant Du Dernier

Visir; Son Malheur A Été Regardé Comme Une Nouvelle Asseurance De La

Paix, Et La Continuation En A Paru D'autant Plus Certaine Qu'elle Est

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 98

L'ouvrage Du Nouveau Visir Mis En Sa Place.»

 

«La Seconde Interruption Dans La Correspondance De M. De Ferriol A Lieu

En 1709; Elle Est Le Résultat D'une Maladie Dont L'ambassadeur Indique

Lui-Même La Cause Et Les Détails Dans La Première Lettre Qu'il Écrit À

La Suite De Cette Maladie:

 

 

«_M. De Ferriol À M. Le Marquis De Torcy_.

 

«A Péra, Le 27 Août 1709.

 

«Monsieur,

 

«J'avois Résolu De Me Raporter Au Récit Qui Vous Seroit Fait Par M. Le

Comte De Rassa Que J'envoye En France, De La Manière Indigne Dont J'ay

Été Traité Pendant Ma Maladie Et Ma Prison, Mais Comme Il S'agit De La

Suspression Des Actes Injurieux À Ma Personne Et Au Caractère Dont J'ay

L'honneur D'estre Revêtu, Vous Me Permettrés, Monsieur, De Vous Informer

Le Plus Succinctement Qu'il Me Sera Possible De Tout Ce Qui S'est Passé

Dans Cette Malheureuse Occasion.

 

«A La Fin Du Mois De May Dernier, Je Fus Attaqué D'une Espèce

D'apoplexie Dont La Vapeur A Occupé Ma Teste Pendant Quelques Jours. Il

N'y Avoit Qu'à Se Donner Un Peu De Patience À Attendre Ma Guérison;

Mais Au Lieu De Prendre Ce Parti Qui Étoit Le Plus Sage Et Le Plus

Raisonnable, Le Chevalier Gesson, Mon Parent, Par Des Veues D'intérest,

Et Le Sieur Belin, Mon Chancelier, Pour S'aproprier Toute L'autorité,

Avec Quelques Domestiques Qui Étoient Bien Aises De Profiter Du

Désordre, Firent Faire Une Consultation Par Quatre Médecins Sur Ma

Maladie. Le Lendemain, Le Sieur Belin, En Qualité De Chancelier,

Assembla La Nation, Les Drogmans Et Quelques Religieux, Et Fit Signer

Une Délibération Par Laquelle On Me Dépouilloit De Mes Fonctions Pour En

Revêtir Ledit Sieur Belin, Lequel, Se Voyant Le Maître Avec Le Chevalier

Gesson, Se Saisirent De Ma Personne Le 27e, Me Mirent En Prison Dans Une

Chambre, Chassèrent Mes Domestiques Affectionnés, Et S'emparèrent De Mes

Papiers Et De Mes Effects, Ne Me Donnant La Liberté De Voir Personne Que

Quelques Religieux Affidés. J'ay Été Dans Ce Triste Estat Plus D'un Mois

Entier, D'où Je Crois Que Je Ne Serois Pas Sorti Sans M. L'ambassadeur

D'holande, Lequel M'ayant Rendu Visite Et M'ayant Trouvé Avec Ma Santé

Et Mon Esprit Ordinaires, Fit Tant De Bruit Du Traitement Qu'on Me

Faisoit, Qu'il Me Fut Permis, Après L'attestation Que J'eus Des Médecins

Du Parfait Rétablissement De Ma Santé, D'assembler La Nation, Laquelle,

Sollicitée Par Le Sieur Belin, Et Pour Se Mettre À Couvert Du Blâme

De La Première Délibération Qu'elle Avoit Signée, Ne Voulut Jamais Me

Reconnoître Qu'après M'avoir Forcé D'aprouver Ladite Délibération Par Un

Acte Que Je Fus Obligé De Signer Le 1er Du Mois D'aoust Dernier, Pour

Obtenir Ma Liberté Et Reprendre Les Fonctions D'ambassadeur.

 

«Comme Ces Deux Délibérations Et La Première Attestation Des Médecins

Sont Des Actes Injurieux Non-Seulement À Ma Personne, Mais Encore

À L'honneur Du Caractère Dont Je Suis Revêtu, Je Vous Supplie Très

Humblement, Monsieur, D'avoir La Bonté De Faire Ordonner Par Sa Majesté

Qu'ils Soient Annulés Et Déchirés. A L'égard De La Réparation Qui M'est

Deue, Je Me Remets À Ce Qu'il Plaira À Sa Majesté D'en Ordonner. Les

Deux Personnes Dont J'ay Le Plus À Me Plaindre Sont Les Sieurs Meinard,

Premier Député De La Nation, Et Le Sieur Belin, Mon Chancelier: Pour Le

Chevalier Gesson, Mon Parent, Je Sauray Bien Le Mettre À La Raison

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 99

 

«J'avois D'abord Cru Que Le Grand Visir Estoit Entré Dans Cette Affaire;

Mais J'ay Appris Au Contraire Qu'il Avoit Détesté Le Procédé De La

Nation Et De Mes Domestiques; Et Depuis Que Je Suis Rentré Dans Les

Fonctions D'ambassadeur, Il Ne M'a Rien Refusé De Tout Ce Que Je Luy Ay

Demandé, Tant Pour L'extraction Des Bleds Que Pour Les Autres Affaires

Que J'ay Eu À Traiter Avec Luy; Et S'il En Avoit Toujours Usé De Même,

Je N'aurois Eu Aucun Lieu De M'en Plaindre.

 

«J'ay Fait Une Espèce De Procès Verbal Sur Tout Ce Qui S'est Passé Sur

Cette Affaire, Que J'ay Jugé À Propos D'adresser À Mon Frère, De Peur De

Vous Fatiguer Par Une Aussy Longue Et Ennuyeuse Lecture.

 

«Je Suis, Avec Toute Sorte D'attachement Et De Respect,

 

«Monsieur,

 

«Votre Très Humble Et Très Obéissant Serviteur,

 

«_Signé_: Ferriol.»

 

Ainsi Il Résulte De Ces Pièces Que Lorsque M. De Ferriol Revint En

France Dans L'été De 1711, Âgé De Soixante-Quatre Ans, Il Avait Été Déjà

Atteint D'_Apoplexie_, Et Assez Gravement Pour Être Réputé _Fou_ Et

Interdit Pendant Quelque Temps: Son Rappel S'ensuivit Aussitôt. Même

Lorsqu'il Fut Guéri, Il Resta Toujours Un Vieillard Quelque Peu

Singulier, Ayant Gardé De Certains _Tics_ Amoureux, Mais, Somme Toute,

De Peu De Conséquence.

 

Le _Journal Inédit_ De Galland, Publié Dans La _Nouvelle Revue

Encyclopédique_ (Firmin Didot, Février 1847), Rapporte De Nouveaux

Détails Sur La _Frénésie_ De M. De Ferriol, Notamment Cette

Particularité Inimaginable:

 

«Lundi, 6 Octobre (1710).--J'avois Oublié De Marquer Le Jour Ci-Devant,

Écrit Le Consciencieux Galland, Ce Que J'avois Appris De M. Brue, Qui

Est Que M. De Ferriol, Ambassadeur À Constantinople, S'étoit Mis En Tête

De Devenir _Cardinal_, Et Qu'il Y Avoit Douze Ans Qu'il Avoit Donné Une

Instruction À M. Brue, Son Frère, En L'envoyant À La Cour, Pour Passer

Ensuite En Italie, Afin De Jeter À Rome Les Premières Dispositions De

Son Dessein De Parvenir À La Pourpre Romaine. C'est Pour Cela Que Mme De

Ferriol, Qui Savoit Que Son Beau-Frère Étoit Dans Le Même Dessein

Plus Fort Que Jamais, Et Qu'au Lieu De Revenir En France Il Méditoit

D'aborder En Italie Et De Se Rendre À Rome, Étoit Venue Trouver M. Brue

À Onze Heures Du Soir, La Veille De Son Départ, Et Le Prier De Faire En

Sorte De Se Rendre Maître De L'esprit De M. De Ferriol Et De Le Ramener

En France, Afin De Le Détourner D'aborder En Italie.»

 

Il En Fut De Ce Chapeau De Cardinal Comme De La Beauté De Mlle Aïssé Que

Convoitait Également Le Malencontreux Ambassadeur; Il N'eut Pas Plus

L'un Que L'autre,--Ni La Fleur, Ni Le Chapeau.]

 

 

[Note G: Nous Donnerons, Pour Être Complet, Le Texte Même De Cette

Lettre:

 

«Aux Auteurs Du _Journal De Paris_.

 

Volume 1 Title 1 (Portraits Littéraires, Tome 3) pg 100

«Paris, Le 22 Octobre 1787.

 

«Messieurs,

 

«Les _Lettres_ De Mlle Aïssé, Que Vous Annoncez Dans Votre Journal Du 13

De Ce Mois, Ont Donné Lieu À Quelques Réflexions Qu'il N'est Pas Inutile

De Communiquer Au Public. Il Est Trop Souvent Abusé Par Des Recueils De

Lettres Ou D'anecdotes Que L'on Altère Sans Scrupule; Mais Ces Petites

Supercheries, Bonnes Pour Amuser La Malignité, Ne Sauraient Être

Indifférentes À Un Lecteur Honnête, Surtout Lorsqu'elles Peuvent

Compromettre Des Personnages Respectables Et Faire Quelque Tort Aux

Auteurs Dont On Veut Honorer La Mémoire. Les Lettres De Mlle Aïssé

Se Lisent Avec Plaisir; Les Personnes Dont Elle Parle, Les Sociétés

Célèbres Qu'elle Rappelle À Notre Souvenir, Sa Sensibilité, Ses Malheurs

Causés Par Une Passion Violente Et D'autant Plus Funeste Qu'elle Tue

Souvent Ceux Qui L'éprouvent Sans Intéresser À Leur Sort, Tout Cela,

Messieurs, Devait Sans Doute Exciter La Curiosité De Ceux Qui Aiment Ces

Sortes D'ouvrages. Mais Pourquoi L'éditeur De Ces Lettres Les A-T-Il

Gâtées Par De Fausses Anecdotes Qui Rendent Mlle Aïssé Très-Peu

Estimable? Pourquoi Lui Avoir Fait Tenir Un Langage Qui Contraste

Visiblement Avec Son Caractère? A-T-Elle Pu Penser De L'homme Qui

L'avait Tirée Du Vil État D'esclave, Et De La Femme Qui L'avait Élevée,

Le Mal Que L'on Trouve Dans Le Recueil Que L'on Vient De Publier? Non,

Messieurs, Cela Est Impossible, Et Voici Mes Raisons: Mme De Ferriol

Servait De Mère À Mlle Aïssé; Elle Avait Mêlé Son Éducation À Celle De

Ses Enfants. Inquiète Sur Le Sort De Cette Jeune Étrangère, Elle Était

Sans Cesse Occupée Du Soin De Faire Son Bonheur: De Son Côté, Mlle

Aïssé, Dont Le Coeur Était Aussi Bon Que Sensible, Avait Pour M. Et

Mme De Ferriol Les Sentiments D'une Fille Tendre Et Respectueuse; Sa

Conduite Envers Eux La Leur Rendait Tous Les Jours Plus Chère: Elle

Était Bonne, Simple, Reconnaissante. Après Cela, Messieurs, Comment

Ajouter Foi À Des Lettres Où L'on Voit Mlle Aïssé Évidemment Ingrate Et

Méchante, Et Où L'on Peint Mme De Ferriol, Que Tout Le Monde Estimait,

Comme Une Femme Capable De Donner À Sa Fille D'adoption Des Conseils

Pernicieux, Et De La Sacrifier À Sa Vanité Ou À Son Ambition?

 

«Je N'ajouterai, Messieurs, Qu'un Mot Pour Répondre D'avance À Ceux Qui

Seraient Tentés De Douter Des Faits Que Je Viens D'exposer: C'est Que M.

Le Comte D'argental, Dont Le Témoignage Vaut Une Démonstration, Et Qui,

Comme L'on Sait, A Reçu Dans Son Enfance La Même Éducation Que Mlle

Aïssé, M'a Confirmé La Vérité De Tout Ce Que Je Viens De Vous Dire.

 

«Signé: _Villars_.»

 

(_Journal De Paris_, 28 Novembre 1787, P. 1434.)]

 

 

 

[Note H: À Mlle Aïssé.

 

_En Lui Envoyant Du Ratafia Pour L'estomac._

 

1732.

 

  Va, Porte Dans Son Sang La Plus Subtile Flamme;

  Change En Désirs Ardents La Glace De Son Coeur;

  Et Qu'elle Sente La Chaleur

  Du Feu Qui Brûle Dans Mon Âme!

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